L'Histoire Admin
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| Sujet: Une bien mauvaise surprise... Ven 9 Mai - 16:42 | |
| Hôtel des Ornes, 21h30. Une traction noire, qui avait déjà allumé ses phares flavescents en ce morne crépuscule, s’arrêta devant la porte de la réception. Le chauffeur sortit du véhicule avec hâte mais sans précipitation, et alla ouvrir la porte de son supérieur - sans oublier de jeter un coup d’œil aux alentours-. Mais en ce mardi de la sainte Monique, la rue Jean Jaurès était déserte et les fenêtres étaient, plus la plupart, déjà calfeutrées de l’épais tissus bleu distribué par la mairie. Le Kriegsverwaltungsrat Hans Altmann ne mit pas longtemps à sortir de l’élégante voiture et, sans un regard, souhaita bonne nuit à son chauffeur. La réponse fut rapide, brève et formelle : un claquement de bottes accompagné d’un « merci herr Oberst », mais Hans était déjà au seuil de la grande porte de l'hôtel. Sa journée fut éreintante entre la paperasse, les soucis de logistique, d’intendance et surtout les problèmes d’autorité sur la population Française. Il ne pensait donc, à ce moment même, qu’à une chose : s’allonger dans son grand lit et dormir sur ce matelas si exquis, ni trop mou, ni trop dur qui l’attendait. Il faut dire que son grade lui donnait le droit à la meilleure chambre existante dans tout Saint-Junien, ou devrais-je dire sa « suite ». Il aurait certes pu demander à être dans une de ces magnifiques demeures bourgeoises attenantes à la Kommandantur, mais Hans aimait les hôtels et leurs services impeccables… ou presque. Car quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’en ouvrant la porte de sa suite, il vit une énorme flaque recouvrir le beau parquet de son coin nuit, alimentée par un flux continu de petites gouttes perlant du plafond et imbibant au passage les draps et le fameux matelas si désiré. Sa surprise fit vite place à une grande lassitude, et, enlevant sa casquette d’officier, le gradé passa sa main gantée sur sa chevelure quelque peu clairsemée, poussant au passage un long soupir: il ne sera malheureusement pas couché de sitôt. Il referma alors la porte, étouffant les plic ploc annonceurs d’une nuit dans un moins bon lit, et se dirigea d’un pas assuré vers la réception. A cette heure-ci, il n’y avait bien entendu plus personne au comptoir de l’hôtel : il actionna donc la sonnette mise à sa disposition et attendit sagement. | |
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